Bogotá: Ruptures, transitions, réinventions. Pratiques responsables du graffiti.

1. Contexte

À Bogota, le graffiti est reconnu comme une pratique culturelle urbaine caractéristique des groupes de jeunes. Elle est également reconnue comme une expression artistique urbaine ou d'art urbain. Elle affecte toutefois de façon significative les biens patrimoniaux de la ville. Différentes mesures de politique publique ont été développées à Bogota dans le cadre de la réglementation du graffiti.

La Mairie a élaboré le Décret 75 de 2013 pour réglementer une pratique responsable du graffiti et sa reconnaissance en tant que pratique culturelle et artistique (action normative). De même, un Diagnostic du graffiti à Bogota a été réalisé, afin de connaître en détail les différents types de graffiti présents dans la ville, c'est-à-dire le street art, le writing, le « barrista », associé aux supporters de football et le graffiti politique (action de connaissance et reconnaissance). Un Conseil du Graffiti au niveau du district a été constitué, comme espace de discussion et d'articulation des thématiques de cette pratique, de sa réglementation, de son développement et de son contrôle (action participative). C'est en s'appuyant sur les expériences locales des collectifs de graffiti qu'il a été tenté d'arriver à la visibilité et la promotion d'une pratique responsable du graffiti (action de développement). Le graffiti a été abordé sous l'axe de la Culture démocratique, c'est-à-dire comme espace de tension face aux positions que certains habitants et institutions de la ville campent en la matière (action politique). Le processus de formation « Multiplicateurs de la culture pour la vie » a été mis en place pour faire du graffiti la scène de construction collective de la démocratie, en cherchant à créer des accords avec la ville et en augmentant la confiance envers les entités publiques (action pédagogique). Le graffiti à Bogota embrasse la multiplicité et la diversité ; le défi pour la ville était de le comprendre et de connaître ses différentes formes, qui existent pour que le public puisse se les approprier.

Un modèle de formation, « multiplicateurs de la culture pour la vie » a été mis en place. Il s'agit d'un outil pédagogique qui cherche, à travers la mobilisation des sensisibilités, à se rapprocher des thèmes de la ville et permettre ainsi le changement des représentations orientées vers le renforcement de la culture démocratique.

2. Bogota et la culture

En 2010, un groupe d'habitants dépose une action légale qui demandait la reconnaissance du droit à un « environnement sans pollution visuelle », visant une zone particulière de la ville affectée par la présence de publicité et de graffitis. L'ordre du juge, entre autres, obligeait la Mairie à réglementer la pratique du graffiti. Fin 2010, l'assassinat par un policier d'un jeune graffeur, Diego Felipe Becerra, donne lieu à un débat national sur le graffiti et le droit des graffeurs. Le débat démocratique dans le quotidien de la ville a mis en lumière différentes positions de la ville qui considéraient le graffiti plus comme un acte de vandalisme que comme une pratique artistique et d'art urbain contemporain. C'est dans cette atmosphère qu'un débat sur le droit à la ville s'est imposé, qui a fait émerger différentes opinions sur la façon dont nous voyons et nous nous projetons dans la ville. Il

s'agit ici du débat démocratique dans la pratique quotidienne de la ville. Il a d'ailleurs permis la création d'un espace de parole, le Conseil du graffiti du district, espace de rencontre entre la communauté de graffeurs et la Mairie, qui a permis l'élaboration du Décret 75 de 2013, à travers un processus participatif.

Les relations entre la Mairie (et ses institutions) et les graffeurs au sein du Conseil du graffiti du district , se sont manifestées de façon horizontale et participative. La coordination a été prise en charge par l'Institut du district des arts ; et, à travers la discussion et le consensus, des accords ont été créés concernant les questions soulevées, en s’appuyant sur une confiance mutuelle. De la même façon, les conseils locaux de graffitis sont des espaces de discussion entre les acteurs institutionnels locaux et les graffeurs locaux. Ils sont implantés principalement dans 6 localités (Ciudad Bolívar, Engativá, Fontibon, Barrios Unidos, Chapinero et Kennedy). La dynamique permet des relations de forme horizontale, mais il existe toujours des conflits relatifs à certaines idées et projets concernant ces domaines.

Le processus de formation « multiplicateurs de la culture pour la vie » a été mis en place pour faire du graffiti la scène de construction collective de la démocratie, en cherchant à créer des accords avec la ville et en augmentant la confiance envers les entités publiques.

Au sein des espaces de développement de la pratique responsable du graffiti, les relations sont de type horizontal, participatif et solidaire. Tous les participants contribuent aux interventions urbaines de graffitis selon leurs possibilités. Les relations entre les participants sont pleines de cordialité et de camaraderie ; elles s'étendent d'ailleurs à la communauté où a lieu l'intervention. Le Festival Meeting of Style (novembre 2014) a été une initiative à laquelle ont participé les institutions publiques, les graffeurs locaux, nationaux et internationaux ainsi que des groupes de jeunes de sport urbain.

3. Objectifs et mise en place du projet

Le graffiti est l'expression complexe de la ville. Il a transcendé les avis qui l'associaient au vandalisme et s'est inscrit dans le domaine des pratiques culturelles.

La pratique du graffiti relie les différents groupes de jeunes mais également les pratiques associées aux cultures urbaines comme le hip-hop ou les groupes de supporters de football (« barras »), entre autres. Il nécessite une approche intégrale non seulement de son développement, mais également de reconnaissance et de pédagogie.

Résultats visés

  • Reconnaissance du graffiti comme pratique culturelle et artistique.
  • Réglementation et innovation dans les normes pertinentes, au-delà des mesures restrictives.

Objectifs atteints

  • La norme a été promue auprès de la communauté intéressée, au sein de divers espaces : Conseil du graffiti du district ; conseils locaux de graffitis (6) ; conseils locaux de la jeunesse (4). Commission de sécurité et convivialité dans le football (groupes de supporters ou « barras »).
  • Soutien à 11 initiatives locales de promotion de la pratique responsable du graffiti, interventions en grand et moyen format.
  • 366 jeunes ont participé aux programmes de formation et 411 jeunes ont bénéficié du développement de la pratique du graffiti.

Au sein des espaces de développement de la pratique responsable du graffiti, les relations sont de type horizontal, participatif et solidaire. Tous les participants contribuent aux interventions urbaines de graffitis selon leurs possiblités.

Méthodologie innovante

Un modèle de formation, « Multiplicateurs de la culture pour la vie », a été mis en place. Il s'agit d'un outil pédagogique qui cherche, à travers la mobilisation des sensibilités, à se rapprocher des thèmes de la ville et permettre ainsi le changement des représentations orientées vers le renforcement de la culture démocratique. L'expérience a été diffusée au niveau national à Cúcuta, au Festival Bravo Norte Hijos. Une Politique nationale colombienne a été formulée pour présenter l'expérience pédagogique et la mise en place de la formation « Multiplicateurs de la culture pour la vie ».

Investissement

L'apport central du Secrétariat à la culture est de 270 000 dollars, les actions de développement, pédagogie et participation comprises.

4. Impacts

La bonne pratique a été rendue visible à travers les différents médias. Dans le cadre des activités de développement, les interventions dans la Calle 26 ont été couvertes par un total de 37 articles de médias (presse écrite, radio et télévision).

La promotion de la norme (pédagogie) a été réalisée auprès de 17 municipalités locales et 11 espaces de participation de la jeunesse, comprenant également les groupes de supporters de football (« barras »).

5. Autres informations

Cette fiche a été rédigée par Clarisa Ruiz Correal, secrétaire à la culture, aux loisirs et au sport.

Contact: dchenilloa (at) df.gob.mx

Réseaux sociaux : site Internet : www.cultura.df.gob.mx

YouTube : https://www.youtube.com/watch?v=DLW48H3BdYE&list=TLkYHIyJxs-1g

Facebook : https://www.facebook.com/imaginacionenmovimiento

Bogotá: Ruptures, transitions, reinventions. Responsible graffiti practices