Solo, l'Esprit de Java

1. Contexte

Connue aussi sous le nom de Solo City, Surakarta se trouve dans la province de Java central en Indonésie. Il s’agit d’une ville « melting pot », où l’on trouve une grande diversité de peuples (arabes, chinois·es, indien·ne·s, etc.) et de religions (musulman·e·s, chrétien·ne·s, bouddhistes, hindous, etc.) ; une société unique, où les gens vivent en harmonie. Solo est renommée pour être le centre de la culture et du patrimoine traditionnel javanais. C’est le seul endroit où sont encore célébrés les mariages traditionnels. La véritable singularité de Solo réside dans la qualité de la préservation et de la transmission du patrimoine javanais au sein de la vie quotidienne de ses habitant·e·s. Chaque année, 20 grands événements ont lieu pour célébrer la culture javanaise.

Il y a 10 ans, le principal problème de la ville était la mauvaise gestion des marchés traditionnels et des vendeur·se·s de rue, auquel s’ajoutait le manque d’emplois, la perte de l’espace public et la faible qualité des services de base. La politique de développement général de la ville vise à bâtir une société pour les personnes où tou·te·s puissent avoir accès à une bonne éducation, santé, alimentation et qui soit le lieu idéal pour vivre, à travers le tourisme, la culture, le sport, le commerce et les services. C’est ainsi que la culture est devenue davantage visible à Solo et que des activités focalisées sur la culture ont émergé avec l’acceptation et le soutien toujours plus grand des citoyen·ne·s envers les initiatives.

L’initiative vise à raviver l'image de Solo comme ville culturelle et centre de la culture et des arts en Indonésie avec la préservation des ressources matérielles et immatérielles de la culture javanaise.

2. Solo et la culture

Depuis le lancement de « Solo, l’esprit de Java » en 2007, les politiques culturelles de Solo se sont focalisées en majeure partie sur l’éducation et le déploiement d’efforts pour intégrer la culture dans chaque aspect de la vie publique.

Solo encourage également les expressions informelles d’art et de culture en soutenant les artistes de rue et les différentes communautés culturelles, ou en dédiant des espaces publics aux libres expressions et performances culturelles. Outre les ressources culturelles immatérielles, Solo travaille également à la protection du patrimoine culturel matériel. Plus de 200 sites ont été identifiés et placés sous la loi nationale de Propriété culturelle. La force des politiques culturelles de Solo est de s'assurer que la culture reste présente dans la vie quotidienne des habitant·e·s. De plus, Solo a œuvré à sa reconnaissance à l’échelle nationale et internationale comme centre de la culture et des arts traditionnels afin d’attirer les visiteur·se·s.

Les politiques culturelles à Solo correspondent à l’appel à l’engagement des gouvernements locaux envers l’Agenda 21 de la culture (A21C) et sont une illustration des actions que Solo met déjà en œuvre. La marque culturelle de Solo a une influence et rayonne sur d’autres entités de la gouvernance locale, au-delà du département de la culture. Ceci est mis en évidence dans les aspects suivants de l'initiative :

  • Prise de décision participative et établissement d’une société inclusive à travers la culture par le biais de la coopération inter-institutions et de la participation publique. Plusieurs départements et citoyen·ne·s sont grandement impliqué·e·s dans son développement.
     
  • En appliquant le principe de l’A21C de promotion de sociétés inclusives, ces politiques ont montré que les bénéfices qui en découlent ont des « effets multiplicateurs » qui engrangent des résultats positifs auprès de la population. De plus, la gouvernance démocratique et la participation publique dans la prise de décisions sont une priorité.
     
  • L’éducation des citoyen·ne·s à la culture et à la citoyenneté à travers des modes formels ou non est intégrée à la politique culturelle de Solo. Il est attendu que cet aspect ait des conséquences positives et sur le long terme auprès de différents secteurs et éléments de la société.
     
  • Intégration de la culture et de l’environnement à travers le programme Ville éco-culturelle. Solo a créé un programme de développement de la ville qui combine la culture et l’environnement, en reconnaissant les liens étroits entre la protection de l’environnement et la préservation de la culture.
     
  • La culture n’est pas destinée à l’élite, elle est le ciment social de la société. L’accès à la culture est un droit humain de base, car cette dernière joue un important rôle dans la cohésion sociale et le développement humain. Avec son histoire tourmentée de protestations sociales et instabilité économique passée, le lancement de ce projet par Solo est désormais associé au changement et à la prospérité avec en son centre l'intégration de la culture dans tous les aspects de la ville.

3. Objectifs et mise en œuvre du projet

3.1. Objectif principal

L’initiative vise à raviver l'image de Solo comme ville culturelle et centre de la culture et des arts en Indonésie. Elle englobe un mélange de politiques, projets et autres initiatives du gouvernement local, qui visent à préserver les ressources matérielles et immatérielles de la culture javanaise.

La politique de développement général de la ville vise à bâtir une société pour les personnes où tou·te·s puissent avoir accès à une bonne éducation, santé, alimentation et qui soit le lieu idéal pour vivre, à travers le tourisme, la culture, le sport, le commerce et les services.

3.2. Étapes essentielles

Solo collabore avec les bureaux gouvernementaux, les ONG et les groupes de la société civile au sein de la ville et avec des acteur·rice·s nationaux·les et internationaux·les pour créer sa marque. Les communautés d’artistes locaux·les sont également écoutées, afin de tenir compte de leurs nécessités et demandes. À travers sa politique culturelle, la ville aspire à faire partie d’un réseau international de villes inspirantes.

Les principaux partenariats gouvernementaux sont faits avec le Ministère indonésien des affaires étrangères et le Ministère indonésien de l’éducation et de la culture. Le Ministère du tourisme soutient également la politique à travers la promotion d’événements, par exemple. Dans cet esprit, Solo a également rejoint la section Asie-Pacifique de CGLU (CGLU-ASPAC), pour apprendre via l’échange d’expériences et de bonnes pratiques et la coopération entre ses différent·e·s membres.

Les réglementations culturelles et projets mis en œuvre par Solo ont eu des effets à tous les niveaux de la population et, en général, ont supposé des bénéfices sous différentes formes. Les jeunes et les enfants de Solo sont également des bénéficiaires directs des efforts culturels. Avec une sensibilisation et une introduction précoce aux arts traditionnels du spectacle, les enfants deviennent des intermédiaires dans l’éducation de la population dans son intégralité.

À travers sa politique culturelle, la ville aspire à faire partie d’un réseau international de villes inspirantes.

4. Impacts

4.1. Impacts directs

Impacts sur le gouvernement local

Le projet a été une source de revenus pour la ville via l’accroissement du tourisme et la meilleure gestion de plus de 25 marchés traditionnels. Ces bénéfices ont permis à la ville d’embaucher un plus grand nombre d'agents public·que·s dans tous les départements, en particulier dans celui de la culture, donnant ainsi naissance à un cycle vertueux de stabilité. Ceci s’est notamment traduit dans l’amélioration des services publics, contribuant au développement d’infrastructures et programmes culturels, avec le renforcement des capacités et de la collaboration du gouvernement local.

Impact sur la culture et les agents culturel·le·s locaux·les

La politique a contribué à la reconnaissance et à la préservation de différentes formes d’expression artistique et culturelle, qui n’étaient auparavant pas mis en valeur et risquaient donc de se voir affaiblies. Les artistes de la culture traditionnelle (théâtre, danse, musique) et ses artisan·e·s, mais aussi les artistes de rue, sont grandement mis·es en valeur et soutenu·e·s par la politique de la ville.

Impact sur le territoire et sur la population

Concernant l'impact matériel, la restauration et la redynamisation de certains espaces et autres infrastructures publiques (marchés, parcs, édifices gouvernementaux, etc.) ont été soutenues par les citoyen·ne·s et ont rendu la ville plus attirante et captivante. Ceci comprend notamment la préservation des monuments et structures du patrimoine telles que les bâtiments mais aussi les espaces pour les spectacles. La politique a également contribué à la croissance économique dans la ville par le biais du tourisme, de l’organisation d’événements culturels internationaux et autres activités (augmentant ainsi les revenus, utilisés pour améliorer les services publics).

4.2. Impacts transversaux

Les impacts sociaux sont plus difficiles à mesurer, mais les évaluations de l’appréciation et l’acceptation des politiques par le public sont majoritairement positives. C’est une preuve que la ville encourage les citoyen·ne·s à exercer leurs droits humains et culturels à l'expression. Avec un entretien de qualité des sites du patrimoine et la redynamisation des espaces verts, la ville sensibilise fortement ses citoyen·ne·s à l’écologie, ces dernier·ère·s étant désormais plus disposé·e·s à respecter et protéger leur patrimoine environnemental. La réhabilitation de nombreux marchés traditionnels en structures plus propres et hygiéniques a également contribué à améliorer les normes sanitaires.

Avec un entretien de qualité des sites du patrimoine et la redynamisation des espaces verts, la ville sensibilise ses citoyen·ne·s à l’écologie, ces dernier·ère·s étant désormais plus disposé·e·s à respecter et protéger leur patrimoine environnemental.

5. En savoir plus

La ville de Solo a été candidate à la deuxième édition du Prix international CGLU – Ville de Mexico – Culture 21 (janvier – mai 2016). En juin 2016, le jury a publié son rapport final et demandé à la Commission Culture de CGLU de promouvoir ce projet comme exemple de bonne pratique de la mise en œuvre de l'Agenda 21 de la Culture.

Cette fiche a été rédigée par Eny Tiyasni Susana, Directrice du département de la culture et du tourisme, Java central, Indonésie.

Contact : disbudpar (at) surakarta.go.id

Site Internet : www.surakarta.go.id

Solo, the Spirit of Java