Raymikuna

1. Contexte

Située dans la zone méridionale de l’Équateur, la province d’Azuay compte une population de 712 127 personnes, selon le recensement 2010 de l’INEC. C’est l’un des principaux centres administratifs, commerciaux et économiques de l’Équateur, outre le fait d’être une importante destination touristique à l’échelle nationale. L’administration actuelle a pour principales priorités : la protection et la conservation des sources hydriques et de l’environnement, l’encouragement à l’agroécologie, le renforcement de la voirie, la réactivation de la culture ancestrale et la consolidation du tourisme.

2. Azuay et la culture

La Préfecture de l’Azuay procède à la réactivation des célébrations ancestrales, les Raymikuna, dans le cadre d’un processus de redynamisation de la culture ancestrale. Les Raymikuna aident à visibiliser les connaissances de la cosmovision andine, en mettant en valeur les quatre éléments fondamentaux de la vie (feu, air, terre et eau), en essayant de recouvrer l’identité des Azuayen·ne·s. 

Les quatre Raymikuna sont réalisés en Équateur selon différentes épistémologies et ethnographies dans les domaines de la musique, la danse, la gastronomie et la médecine ancestrale ; selon le calendrier lunaire/solaire, ceci consiste en quatre étapes : ensemencement, germination, récolte des grains tendres et récolte finale. 

Les fêtes célébrées sont : 

  • Killa Raymi (21 septembre) : célébration de la fertilité et du féminin en plein équinoxe d’automne
  • Kapak Raymi (21 décembre) : réalisée à l’occasion du solstice d’hiver. Cycle de la vie initiale des enfants, débuts des nouvelles responsabilités au sein de la famille, de la communauté et des organisations.
  • Pawkar Raymi (21 mars) : rituel qui initie l’équinoxe de printemps. Il célèbre la relation harmonieuse avec Mère Nature, les cosmos et les divinités.
  • Inti Raymi (21 juin) : célébration du soleil et de la lune, lors du solstice d’été. « La cérémonie sacrée du Soleil » se célèbre avec des bains rituels, des danses et des offrandes de toutes les communautés, en remerciement pour les récoltes reçues.

Les Raymikuna sont les célébrations cérémonielles rituelles agro-festives faites par la culture valdivia 5000 ans avant que ne le fasse la civilisation Inca.

Les Raymikuna peuvent être définies comme des célébrations cérémonielles rituelles agro-festives, dont les noms ont été donnés par les Incas, bien que leur origine remonte à des époques plus anciennes. En effet, il existe des preuves attestant que la Culture Valdivia les célébrait déjà 5000 ans avant la civilisation Inca. Vu leur importance historique et ancestrale, il s’avère essentiel de rechercher une participation massive et de se doter d’une politique d’État pour les recouvrer, les préserver et les diffuser, en les transférant, avec toute leur authenticité et singularité, à notre espace historique et géographique actuel. 

En ce sens, la Préfecture de l’Azuay a pris comme politique institutionnelle la réactivation de ce précieux patrimoine immatériel pour promouvoir son positionnement et sa diffusion à l’échelle nationale et internationale et réaliser plusieurs objectifs : (1) recouvrer l’identité culturelle ancestrale, (2) donner de la continuité au développement précolombien arrêté par la colonisation, (3) présenter les Raymikuna comme une option de développement touristique et comme une alternative aux processus miniers et d’extraction.

3. Objectifs et mise en œuvre du projet

3.1. Objectifs principaux et spécifiques 

L’objectif général du projet se focalise sur la sensibilisation de l’espace urbain à nos valeurs culturelles propres. Ces rituels et célébrations agro-festives ont été remplacées par des célébrations religieuses coloniales, alors qu’elles nous apprennent l’immense richesse du monde rural et permettent de générer et potentialiser le tourisme local, national et international.

3.2. Développement du projet

Principales actions développées

Tout le spectre des festivités andines est en lien avec les cycles de la ferme et du temps solaire, avec un trajet de vie cyclique et non linéaire. Dans les Andes, l’année commence en septembre et s’achève en juin, avec un calendrier qui comprend les festivités suivantes : 

Époque de la fertilité des ñustas (femmes de haut-rang) pour faire des offrandes aux divinités de la terre et du cosmos. Mois de la célébration de la femme et de la lune (Mama Quilla). Époque d’ensemencement, lorsque sont placées les graines dans la terre, qu’elle gardera dans son ventre plusieurs mois ; on la compare à la femme et à la fécondation. Des pèlerinages sont faits, même le christianisme a promu les processions et les messes. Des visites sont faites à des églises catholiques construites sur d’anciens temples indigènes. Dans certains sites sacrés, les enfants remuent la terre pour en enlever la mauvaise énergie, et en signe de remerciement, au début des ensemencements.

Depuis le début du mandat de l’administration municipale actuelle, trois des quatre fêtes ont été réalisées dans la ville de Cuenca, pour réactiver ces célébrations dans le centre urbain le plus important de la province. Le Pawkar Raymi était prévu pour le mois de mars, dans le canton Gualaceo. Toutefois, il a dû être reporté en raison de la COVID-19. .

Il est prévu que le projet ait une envergure provinciale, régionale, nationale et internationale.

Il est prévu que la réalisation des célébrations ancestrales arrive à toute la population de la province de l’Azuay. L’établissement de ces célébrations devrait permettre de leur donner une envergure régionale, attirant ainsi les habitant·e·s des provinces du sud de l’Équateur, mais aussi une envergure nationale et internationale. 

La première phase du projet s’est déroulée dans la ville de Cuenca. La phase suivante se consacre à amener les célébrations dans les différents cantons, en œuvrant avec leurs municipalités respectives pour mieux toucher la population rurale.

4. Impacts

4.1. Impacts directs

Impact sur les collectivités locales

Ce projet ouvre un champ à la création et à la mise en place de projets fondés sur les coutumes et les traditions ancestrales, mais aussi sur l’intégration de l’environnement urbain avec le monde rural..

Impact sur la culture et les agents culturel·le·s locaux·les

Le principal impact du projet est le recouvrement d’une identité perdue, en promouvant l’appropriation des célébrations ancestrales, en suscitant une plus grande sensibilisation chez les habitant·e·s de la ville envers les populations rurales, avec le rétablissement d’éléments essentiels de la cosmovision andine. 

Impact sur la ville ou le territoire et sur sa population

Cet équilibre environnemental est important pour le projet et l’administration provinciale : la survie de l’être humain et des espèces animales, le respect de l’environnement, l’atténuation du changement climatique, la conservation des sources hydriques, la protection de la culture dans toutes ses manifestations et l’égalité des genres. Cette vision nous conduit à un processus de développement durable, en ayant pour axe central le développement touristique respectueux des êtres humains et de la nature. 

Le projet contribue à recouvrer cette identité commune et partagée dans l’espace urbain, en mettant en valeur l’interculturalité et le sentiment d’appartenance à un territoire, ainsi que son contexte historique. Les célébrations ancestrales mettent également en évidence le rôle prépondérant de la femme, principalement de la femme rurale, tant dans les rituels que dans la production agricole, qui promeut et influence directement le développement économique de la province.

4.2. Évaluation

Le flux du tourisme local, national et international sera évalué via des enquêtes et des données statistiques, afin de mesurer l’impact généré par les Raymikuna. Une évaluation continue de la politique culturelle mise en œuvre sera également effectuée. Actuellement, le projet se trouve dans sa première phase, il est soumis à une analyse constante et une attention particulière est portée à l’authenticité de sa recréation. Il compte sur les secteurs publics et privés et sur la participation des communautés des districts ruraux et des différents cantons de la province.

Le projet contribue à recouvrer cette identité commune et partagée dans l'espace urbain, en mettant en valeur l'interculturalité et le sentiment d'appartenance à territoire, ainsi que le contexte historique, regorgeant de connaissances et de savoirs.

4.3. Facteurs clefs

La participation et l’appropriation par ceux et celles qui habitent la province de l’Azuay sont le principal facteur clé, étant donné que les Raymikuna cherchent à recouvrer l’identité ancestrale. Le projet s’emploie à ce que leur organisation soit permanente, dans le respect des critères techniques fixés par la Loi sur le patrimoine culturel d’Équateur, en particulier les directives concernant la récupération du Patrimoine culturel ancestral et son authenticité. 

En outre, en vue de promouvoir les Raymikuna, un système d’information et de communication de portée nationale et internationale sera établi, ainsi qu’un lien avec le ministère des Relations extérieures et de la mobilité humaine pour la diffusion internationale du projet.

4.4. Continuité

Le projet dispose d’une base de ressources financières provenant principalement de la Préfecture de l’Azuay, prévues dans les Plans opérationnels annuels (POA) de 2019 et 2020. D’autres alliances sont recherchées, notamment via les possibilités de coopération internationale décentralisée, ainsi qu’avec d’autres organismes tels que le ministère de la Culture, le ministère du Tourisme et le secrétariat à la Communication. Un soutien sera demandé aux municipalités, pour procéder également à la diffusion internationale et attirer les touristes étrangers et étrangères. 

La continuité et la durabilité du projet sont également des aspects critiques, pour permettre que celui-ci devienne une politique d’État, mise en œuvre par les administrations futures.

5. Plus d’informations

Azuay a été candidate à la quatrième édition du Prix international CGLU-Ville de Mexico-Culture21 (novembre 2019 - mai 2020). En juin 2020, le jury a publié son rapport final et demandé à la Commission Culture de CGLU de promouvoir ce projet comme exemple de bonne pratique de la mise en œuvre de l’Agenda 21 de la Culture.

Este artículo fue escrito por Juan Pablo Ordoñez Vicuña, Coordinador de Cultura y Turismo, Cuenca, Ecuador.

Contacto: jpordonez@azuay.gob.ec 
Sitio web: http://www.azuay.gob.ec/   

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