Politique culturelle de positionnement de Beylikdüzü comme centre culturel alternatif et durable de la périphérie urbaine
1. Contexte
Avec une population de près de 350 000 habitant·e·s, Beylikdüzü est un district d’Istanbul qui a vécu une croissance démographique et une urbanisation rapides. En raison de sa distance du centre-ville, une politique a été mise en place de transformation d’un district ordinaire en centre attractif. À cet égard, les nécessités sociales et culturelles des individus, en particulier des familles divorcées et les différences économiques au sein du district ont été prises en compte afin de mettre en oeuvre des politiques améliorant la qualité de vie des habitant·e·s, promouvant l’adaptation, l’inclusion sociale et atténuant les écarts entre situations économiques.
2. Beylikdüzü et la culture
Les politiques générales de la municipalité de Beylikdüzü en matière de culture et d’art visent à promouvoir les formes d’expressions artistiques et culturelles de tou·te·s les citoyen·ne·s, pour accroître leur participation à la vie culturelle et garantir la diversité culturelle, en priorisant les activités éducatives de transmission aux jeunes générations.
La politique vise à positionner Beylikdüzü comme centre culturel alternatif durable dans la ville et susciter des avantages sociaux pour tou.te.s les citoyen.ne.s, sans discrimination.
La situation géographique de Beylikdüzü suppose qu’un grand nombre de travailleur·se·s se déplacent chaque jour, entraînant donc de grands flux de mobilité entre Beylikdüzü et le centre-ville, qui aggravent les embouteillages à Istanbul et ont des effets négatifs sur l’environnement. Faire de Beylikdüzü un pôle culturel et artistique de la périphérie urbaine aiderait à ce que les habitant·e·s de la partie occidentale d’Istanbul restent à Beylikdüzü. D’autre part, la municipalité se doit d’aider les communautés à faibles revenus du district et les inclure dans les activités culturelles..
3. Objectifs et mise en oeuvre du projet
3.1. Objectif principal et objectifs spécifiques
Fondée sur l’utilisation stratégique et intégrée des ressources culturelles de la ville dans la planification publique, la politique vise à positionner Beylikdüzü comme centre culturel alternatif durable dans la ville et susciter des avantages sociaux pour tou·te·s les citoyen·ne·s, sans discrimination.
Le principal objectif est de prendre conscience et soutenir la vitalité culturelle sous-jacente à l’établissement d’une société durable et saine, améliorant le bien-être et la qualité de vie des habitant·e·s, et les encourageant à devenir des citoyens et citoyennes du monde avec une identité culturelle. Ils et elles seront alors en mesure d’exercer leurs droits culturels, d’avoir un accès facile aux services culturels, de participer activement aux processus culturels et d’avoir la possibilité de développer leurs propres talents.
Différents programmes ont été mis en place en tenant compte du droit des citoyen·ne·s à l’apprentissage tout au long de la vie, à produire et recevoir des informations, et à bénéficier des espaces publics dans leur dimension culturelle.
Avec la mise en oeuvre de cette politique, les citoyen.ne.s de toutes les couches de la société bénéficient de manière égale des services culturels de base et peuvent participer aux pratiques et à la production culturelles.
3.2. Développement du projet
Principales actions mises en place
Cette politique culturelle vise à activer la vie sociale et à mettre en place des activités qui contribuent au développement culturel de la région, en promouvant la perspective culturelle et artistique de la société.
Le Centre d’art et de culture Atatürk de Beylikdüzü organise des événements et des activités qui attirent les personnes de tous les âges et intérêts, et vise à inclure la culture et les arts dans leur vie active. Il se fonde sur l’idée que les citoyens et citoyennes doivent bénéficier de services dans des espaces publics bien équipés et dans les meilleures conditions. Depuis le 19 mai 2018, le centre dessert environ 2 500 amateurs et amatrices d’art dans un espace de 25 000 m².
Afin de participer aux bien-être de chacun et chacune, de promouvoir la santé et les pratiques culturelles actives, le centre dispose d’une scène de théâtre professionnelle, d’une salle polyvalente, d’une bibliothèque, d’une bibliothèque pour enfants de 0 à 6 ans, d’un café-librairie, de la Sedefhane (maison d’incrustation du nacre), de salles de réunions, de salles d’expositions, d’un cinéma et d’une salle audiovisuelle et de cours d’art et d’art sonore.
Dans le cadre des politiques pour la protection du patrimoine matériel et immatériel, l’Atelier d’art Sedefhane a été lancé pour maintenir en vie ce type d’artisanat turc et le transmettre aux jeunes générations.
Parmi les activités menées:
- Événements
- Centre d’éducation culturelle
- Ensemble musical et troupe de théâtre
- Bibliothèque pour enfants Adile Naşit
- Centre d’information de la communauté bibliothèque Yaşar Kemal
- Bibliothèques municipales de Beylikdüzü et entités partenaires
L’unité Bibliothèque accessible de la bibliothèque de Yaşar Kemal fournit également une base de données du centre d’éducation et de technologie pour les personnes malvoyantes. Afin de permettre aux personnes handicapées de profiter de leurs droits culturels dans d’égales conditions, la photocopieuse peut imprimer en alphabet Braille pour les citoyen·ne·s malvoyant·e·s, qui peuvent accéder aux informations en écoutant les ressources de lecture converties en sons.
Des festivités traditionnelles ont été organisées pour susciter un sentiment d'unité et d'appartenance à une communauté, notamment à travers le patrimoine culturel immatériel, qui peut être moins visible, mais qui béhicule une signification existentielle pour la société.
4. Impacts
4.1. Impacts directs
Impacts sur le gouvernement local
Les gouvernements locaux ont donné graduellement plus d’importance à la culture et aux arts ces deux dernières décennies en Turquie. La politique culturelle mise en oeuvre ces cinq dernières années souligne l’effet de la planification culturelle et ses impacts positifs sur la qualité de vie des citoyen·ne·s, ce qui est une pratique relativement nouvelle au sein des gouvernements locaux. Elle plaide également pour que la culture soit incluse dans les processus de planification, afin de permettre aux citoyen·ne·s de vivre ensemble, outre son puissant modèle de ville et sa grande influence sur l’économie.
Impact sur la culture et les acteur·rice·s culturel·le·s locaux·les
Les habitant·e·s de Beylikdüzü sont devenu·e·s des citoyens et citoyennes du monde, capables de produire, participer à la vie sociale, développer leurs talents, connaître leurs droits et les exercer, mais aussi d’avoir une perspective culturelle durable. De plus, les participant·e·s ont pu devenir auto-suffisant·e·s avec les contributions culturelles qu’ils et elles ont produit, pour participer au développement économique culturel. À ce stade, un modèle de gouvernance pluripartite entre en jeu. Il entend susciter une intégration culturelle en coopération avec les organisations non gouvernementales, le secteur privée et les universités.
Impact sur le territoire et la population
Avec cette politique, les citoyen·ne·s de toutes les couches de la société bénéficient de manière égale des services culturels de base et peuvent participer aux pratiques et à la production culturelles. Ces indicateurs culturels, qui peuvent être utilisés pour mesurer les effets positifs de la participation à la vie culturelle sur la santé mentale et physique des individus et renforcer le sentiment d’appartenance et de partage, sont des déterminants qualitatifs de l’impact de la mise en oeuvre de la politique.
En même temps, la politique culturelle de Beylikdüzü interagit également avec la politique de durabilité environnementale, car elle améliore la situation environnementale en palliant la nécessité d’aller dans le centre-ville pour participer à la vie culturelle. L’empreinte carbone d’une personne conduisant vers le centre-ville sur une journée est d’au moins 0,027 tonne de dioxyde de carbone. En termes écologiques et des valeurs du développement durable, on cherche à éviter la consommation.
4.2. Évaluation
Les méthodes utilisées pour déterminer si les cibles ont été atteintes et établir des activités en fonction des besoins des citoyen·ne·s sont : les entretiens individuels, les groupes de discussion, les techniques d’enquête. Deux enquêtes en particulier ont été menées, faisant usage de questions structurées et des réseaux sociaux.
Une base de données a été créée à cette occasion, afin de tirer des conclusions sur les effets des activités sur la vie quotidienne des participant·e·s, les couches de la société qui n’avaient pas été atteintes et les raisons expliquant cela, ainsi que les attentes par rapport aux activités. L’enquête a été menée principalement auprès des participant·e·s aux cours et ateliers, mais aussi auprès des usagers et usagères de la bibliothèque et des visiteur·se·s. De plus, l’enquête sur les réseaux sociaux a été utilisée pour s’assurer de la participation publique à la mise en oeuvre des politiques culturelles. Dans les entretiens individuels et les groupes de discussion, il a été possible de déterminer le degré de satisfaction des citoyen·ne·s concernant l’exercice de leurs droits culturels.
Tous les résultats ont été traités annuellement dans des programmes des performances et des rapports annuels avec la mise en oeuvre de la politique.
4.3. Facteurs clés
L’objectif était de développer une vision de la culture fondée sur une politique qualitative plutôt que quantitative. Sinon, lorsque les services culturels fournis sont focalisés uniquement sur un nombre d’événements ou de participant·e·s, la participation, les pratiques et la production pourraient ne pas recevoir l’attention voulue. Dans cette politique, les gouvernements locaux doivent mener, de façon transparente, la mise en oeuvre d’une gouvernance culturelle adéquate, afin de créer un espace de vie culturel durable pour chaque citoyen et citoyenne, depuis la perspective de fonctionnement économique et social juste, équitable, démocratique, pacifique, participatif et riche du point de vue culturel.
4.4. Continuité
Les sous-projets de cette politique culturelle ont été mis au point selon les infrastructures démographiques et les nécessités sociales des habitant·e·s. La planification culturelle doit aborder non seulement les infrastructures culturelles, les superstructures et les caractéristiques environnementales et les indicateurs tels que le patrimoine culturel matériel, mais aussi les autres styles de vie qui prévalent dans la ville, dans la vie quotidienne, les habitudes et le patrimoine culturel immatériel. Des festivités traditionnelles ont ainsi été organisées pour susciter un sentiment d’appartenance à une communauté, notamment à travers le patrimoine culturel immatériel, qui peut être moins visible, mais qui véhicule une signification existentielle pour la société.
Les projets développés dans le cadre de la politique ont été conçus pour se soutenir mutuellement. Leur continuité est donc garantie.
5. Plus d’informations
Beylikdüzü a été candidate à la quatrième édition du Prix international CGLU-Ville de Mexico-Culture21 (novembre 2019 - mai 2020). En juin 2020, le jury a publié son rapport final et demandé à la Commission Culture de CGLU de promouvoir ce projet comme exemple de bonne pratique de la mise en oeuvre de l’Agenda 21 de la Culture.
Cette fiche a été rédigée par Meltem Başa, adjointe au maire de Beylikdüzü, Turquie.
Contact : meltembasa@beylikduzu.istanbul
Site web : www.beylikduzu.istanbul