10 ans de médiation culturelle à Longueuil

Contexte

La Ville de Longueuil, avec près de 246 900 habitants, fait partie des zones les plus urbanisées de la région de la Montérégie au Canada. La ville est divisée en trois arrondissements, Greenfield Park, Saint-Hubert et le Vieux-Longueuil, avec plusieurs poches de pauvreté et des quartiers défavorisés où les habitants sont souvent éloignés de l’offre culturelle.

Considérant que la ville compte sur son territoire plus de 350 organismes culturels et communautaires ainsi que des centaines d’artistes professionnels avec lesquels le Bureau de la culture travaille, la médiation culturelle s‘est révélée un outil essentiel pour le rapprochement de la population et des arts.

Longueuil et la culture

À Longueuil, plusieurs organismes communautaires dispensent des services d’aide à la personne dans les quartiers défavorisés dans le but d’améliorer la qualité de vie des habitants. Dès l’adoption en 2005 d’une politique culturelle, l’un des enjeux majeurs a été de rendre la culture accessible aux populations les plus éloignées de l’offre culturelle.

Par la mise en place de ce cadre de référence, la Ville de Longueuil s’est dotée d’outils pour encourager la pratique culturelle et artistique, soutenir les artistes professionnels et les organismes culturels et ainsi combler les besoins d’une population défavorisée face à l’offre culturelle.

Depuis 2007, la médiation culturelle constitue un élément important à Longueuil pour toucher les clientèles les plus éloignées de l'óffre culturelle et favoriser leur participation active.

Par le biais du Bureau de la culture, partenaire privilégié des organismes communautaires, la Ville de Longueuil a su créer une synergie entre le développement culturel, social, communautaire et urbain. Au fil du temps et à travers la diversité, l’authenticité et l’audace de son offre culturelle, elle s’est affirmée par sa singularité et son dynamisme entrepreneurial, développant à long terme des partenariats majeurs avec les différentes instances culturelles, communautaires et économiques établies sur son territoire.

La politique culturelle de 2005, aujourd’hui en cours d’actualisation, et le cadre de référence en médiation culturelle de 2012 demeurent les outils indispensables pour le Bureau de la culture.

Objectifs et mise en oeuvre du projet

Objectifs principal et spécifiques

L’objectif principal et général du programme de médiation culturelle est de « déployer des stratégies et des actions visant à réduire l’écart entre les artistes, leurs œuvres et les citoyens, notamment auprès des groupes de population éloignés de l’offre culturelle en raison de facteurs sociaux, économiques ou territoriaux.»[1]

Il s’agit de favoriser les échanges entre habitants et artistes pour favoriser l’accessibilité à la culture et améliorer la qualité de vie des citoyens.

La Ville de Longueuil a défini certains objectifs spécifiques :

  • Améliorer l’accès aux arts et à la culture pour les citoyens éloignés de l’offre culturelle;
  • Favoriser les rencontres entre les citoyens et les professionnels de la culture ;
  • Encourager les échanges entre les artistes et créateurs de Longueuil sur leurs démarches créatives ;
  • Participer au développement social des citoyens et susciter un sentiment d’appartenance envers le milieu culturel Longueuillois.

Développement du projet

Principales actions réalisées

Depuis 2008, dans le cadre de quatre ententes triennales avec le ministère de la Culture et des Communications (MCC), près de 150 projets de médiation culturelle ont été organisés par le Bureau de la culture de Longueuil, les organismes culturels et communautaires ainsi que les artistes et créateurs locaux.

Suite à la mise en place d’un premier projet en partenariat avec des organismes culturels et communautaires en 2008 et 2009, un cadre de référence en médiation culturelle a été élaboré par la ville en 2012 dans le cadre d’une deuxième entente avec le MCC permettant à la ville de mieux cibler les populations défavorisées et leur faciliter l’accès à une offre culturelle de qualité. Entre 2011 et 2012, la ville a réfléchi au développement de sa politique de médiation culturelle, qu’elle a ensuite présentée en août 2012 lors d’une rencontre avec le milieu culturel et communautaire.

En août et septembre 2012, avec l’aide du Conseil des arts de Longueuil, un premier appel à projets a été lancé auprès des artistes et des organismes professionnels. Pour déposer un projet, ces derniers devaient obligatoirement être jumelés, sous la supervision de Bureau de la culture, à un organisme communautaire engagé auprès du public ciblé. Dix projets ont été sélectionnés par un jury de professionnels. Afin d’assurer un bon accompagnement des participants, une médiatrice culturelle était chargée d’encadrer les artistes et organismes et de veiller au bon déroulement des projets sur le terrain. En juin 2014, la ville a publié une brochure détaillant la mise en œuvre et les résultats concrets de chaque projet. Le budget consacré à la définition du cadre de référence et à la réalisation des projets entre 2010 et 2013 s’élevait à 120 000 $.

De février à octobre 2013, cinq autres projets de médiation culturelle ont vu le jour hors partenariat, à l’initiative d’artistes ou d’organismes culturels, comme le projet “Guéris vite! Dessine-moi des ailes… j’irai au bout de mes rêves”, couronné du prix Essor du ministère de l’Éducation à l’échelle régionale, et nominé au niveau provincial.

En 2015, un troisième partenariat a été signé pour 2015 et 2017 permettant la réalisation d’une dizaine de grands projets de médiation culturelle, avec un budget de 115 000 $. Le Bureau de la culture a notamment mis en place quatre projets dans le domaine prioritaire de la santé. Afin de guider les actions de la ville, des rencontres “remue-méninges” et des discussions avec d’autres villes ayant réalisé des projets dans ce domaine ont été organisées en 2016 et 2017.

En parallèle, le Bureau de la culture dispose également d’un budget propre pour la mise en place de projets de médiation culturelle (50 000 $ depuis 2008). La plupart de ces projets ont été réalisés en partenariat avec la Maison de la culture et des organismes culturels professionnels ou en voie de professionnalisation ou encore avec des artistes.

Depuis janvier 2012, la Maison de la culture présente quatre expositions par an, en lien avec lesquelles le Bureau de la culture programme des activités de médiation culturelle organisées en parallèle. En effet, les artistes exposants sont invités à animer des ateliers d’art gratuits pour des groupes communautaires ou des élèves d’écoles de milieux défavorisés. Depuis novembre 2015, grâce à un partenariat avec le MCC, les écoles de la Commission scolaire Marie-Victorin peuvent voir leurs frais de transport remboursés en plus du coût des ateliers d’art à la Maison de la culture.

Ainsi, en 2016, un projet de médiation culturelle est né de l’exposition « Sous l’écorce des mots de Kim Thúy », en collaboration avec la Commission scolaire Marie-Victorin et l’école secondaire Saint-Jean-Baptiste. Des projets de médiation culturelle en lien avec les métiers anciens ont également été organisés avec l’organisme Métiers et Traditions faisant collaborer des femmes immigrantes avec des artisans pratiquant la confection de ceintures fléchées, ou encore des jeunes en décrochage scolaire avec un forgeron.

La ville dispose d’un financement à long terme pour sa politique de médiation culturelle grâce aux quatre partenariats signés totalisant un budget de 400 000 $, soit 200 000 $ provenant de la ville et 200 000 $ provenant du MCC, et au budget propre à la ville d’un montant de 50 000 $. Pour cela, la ville a conclu plusieurs partenariats avec une grande diversité d’instances : le ministère de la Culture et des Communications (ententes triennales de développement), le Conseil des arts de Longueuil (collaboration avec des organismes et des artistes professionnels), le Conseil des arts et des lettres du Québec, le Conseil des arts de Montréal, la Conférence régionale des élus, le Conseil montérégien de la culture et des communications, la Commission scolaire Marie-Victorin, le Réseau Petits Bonheurs, l’organisme Culture pour tous, le réseau des bibliothèques de Longueuil, etc.

Au total, 8 000 personnes, 80 groupes scolaires, 100 organismes communautaires, 15 organismes culturels et près de 30 artistes ont participé aux actions de médiation culturelle entre 2008 et 2018, réparties en 150 projets. 10 autres grands projets sont déjà prévus d’ici à 2021.

Impact

Impacts directs

Impact sur le gouvernement local

À travers l’élaboration de son cadre en médiation culturelle, la Ville de Longueuil s’est dotée d’un outil de référence pour entamer un travail transversal et horizontal avec les organismes culturels et communautaires ainsi que les écoles du territoire. Ce cadre en médiation a été un levier pour signer une 4e entente de développement culturel avec le MCC.

Impact sur la culture et les acteurs culturels de la ville

À travers son cadre en médiation culturel, les organismes culturels ont été confortés quant à l’implication de la ville dans le domaine de la médiation culturelle.

Impact élargi sur la ville ou le territoire, et sa population

Avec ce projet, la Ville de Longueuil s’est engagée en priorité envers les personnes handicapées, les familles défavorisées, les écoles des quartiers défavorisés et les personnes âgées. Au niveau de l’agglomération, la ville a participé à des rencontres et des formations afin de partager ses outils et son expertise sur le sujet et ainsi devenir une cellule régionale de médiation culturelle. La dernière rencontre, le 23 février 2018, a permis de faire un bilan des actions de médiation culturelle des dix dernières années et de réfléchir à l’avenir de la médiation culturelle à Longueuil.

Évaluation

Après chaque activité, des sondages sur le taux de satisfaction des participants ont été réalisés. En 2016 et 2017, un projet pilote a permis de réaliser une évaluation plus poussée d’un projet de médiation culturelle avec l’aide d’un consultant. Le Bureau de la culture va également être doté d’indicateurs plus performants d’évaluation de ses actions au cours de l’année prochaine.

La ville ambitionne de devenir une cellule régionale de médiation culturelle et de se doter d'outils d'évaluation plus efficaces dans les années à venir. 

Facteurs clef

L’ouverture, la concertation, la collaboration, la créativité, l’enthousiasme, l’adhésion et la motivation des participants sont autant de facteurs générateurs de succès pour tout nouveau projet mis sur pied.

En 2014, lors du colloque Les Arts et la Ville, le Bureau de la culture a présenté plusieurs facteurs-clefs de réussite de projets de médiation culturelle. Il faut tout d’abord que le projet provienne du milieu dans lequel il va être mis en œuvre. Ensuite, l’implication de groupes et d’intervenants variés des secteurs culturel, scolaire et communautaire, d’une part, et l’engagement des travailleurs municipaux aux côtés des artistes et des organismes culturels (sans ingérence), d’autre part, sont primordiaux. Enfin, la passion des artistes et organismes pour leurs projets culturels est un élément essentiel pour donner le goût aux publics cibles de s’intéresser à l’offre culturelle.

Continuité

À ce jour, la majorité des activités du programme sont financées dans le cadre de la 4e entente avec le MCC jusqu'en 2020. Fin 2018 - début de 2019, une rencontre est prévue en particulier sur le thème de la santé.

Information relative

La Ville de Longueuil a été candidate à la troisième édition du « Prix International CGLU – Ville de Mexico – Culture 21” (novembre 2017-mai 2018). Le jury du Prix a élaboré son rapport final en juin 2016 et a demandé à la Commission culture de CGLU de faire rayonner ce projet comme étant une pratique exemplaire de la mise en œuvre de l’Agenda 21 de la Culture et comme mention spéciale de la troisième édition du Prix.

Cette fiche a été réalisée par Christian Laforce, chef du Bureau de la culture de Longueuil, province de Québec, Canada.

Contact : Christian.laforce@longueuil.quebec

Site web de référence : www.longueuil.quebec

 

 


[1] Définition issue du guide pratique Les Arts et la Ville – 2007, adoptée par la Ville.

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