La fuite de la Sainte Famille en Égypte

1. Contexte

Dans sa fuite de l’Égypte, la Sainte Famille a entrepris un chemin composé de plusieurs étapes. Pendant ses trois années et demie de périple, la Sainte Famille est passée par ou a cherché refuge auprès de 25 lieux situés dans 8 gouvernorats du pays (Le Caire, Beheira, Sharkia, Kafr el Sheikh, Minya, Assiut, Gharbiya et Sinaï Nord). C’est la plus longue route de pèlerinage dans le monde au sein d’un même pays.

2. Le Caire et la culture

En 2014, l’Égypte lance le projet de rénover et développer le chemin de la Sainte Famille en Égypte. Le chemin pourrait accueillir près de deux milliards de Chrétien·ne·s du monde entier, en particulier depuis sa déclaration comme pèlerinage officiel chrétien par le Pape François en octobre 2017. 

Le projet fait partie du mandat de développement et de récupération du rôle historique, culturel, touristique et archéologique de l’Égypte. Plusieurs grands projets ont été mis en place dans différents gouvernorats, par exemple l’amélioration de zones de bidonvilles peu sûres, qui a été mise en oeuvre dans le cadre d’un plan national de rénovation.

Le projet fait partie du mandat de développement et de récupération du rôle historique, culturel, touristique et archéologique de l'Égypte.

Ce projet contribue directement aux ODD 5, 8 et 11. Il promeut la préservation de la culture et du patrimoine, soutient la création d’emplois locaux durables et paritaires, réduit les inégalités, diversifie les économies locales, améliore la génération de revenus locaux et améliore l’accès à l’égalité des chances et à une bonne qualité de vie, améliore les espaces publics, l’inclusion et les villes durables.

3. Objectifs et mise en oeuvre du projet

3.1. Objectifs principaux et spécifiques

Le projet vise à préserver le patrimoine culturel des sites, en leur appliquant un développement durable du point de vue culturel, social et économique. Ceci permettra alors de stimuler le tourisme religieux, de créer des emplois et de développer des infrastructures dans les gouvernorats.

Selon les chiffres de l’UNICEF, 60 % de la population mondiale pratique des rites religieux. De plus, il existe 1,5 milliard de Chrétien·ne·s dans le monde, et 1,9 % des personnes visitant l’Égypte le fait pour des raisons religieuses. Il a donc été estimé que le projet pourrait supposer une hausse de 3 millions de visiteur·se·s.

Ce projet entend permettre de repositionner le chemin de la Sainte Famille en Égypte comme destination de tourisme international. Le projet a oeuvré à améliorer la qualité des infrastructures des sites, pour permettre aux pèlerin·e·s d’être indépendant·e·s, en leur offrant des services complets dans leur lieu de visite. Ceci est fait en parallèle de la restauration d’anciens sites et monastères.

À cet égard, les actions suivantes seront mises en place :

  • Introduction de la forte identité sainte sur les différents sites de patrimoine en respectant les contextes et cultures locales.
  • Amélioration de la sensibilisation des enfants à l’égalité des genres, accessibilité pour les personnes handicapées aux infrastructures, services, espaces publics et expérience globale d’usage de tous les sites patrimoniaux.
  • Intégration améliorée et cohésion sociale/spatiale des sites au sein des différentes communautés locales, à travers l’intégration du patrimoine culturel, de la génération de revenus grâce au tourisme avec des possibilités de développement économique local, tout en garantissant une qualité globale de vie améliorée.
  • Veiller au renforcement des capacités locales à parts égales entre les sexes et avec les jeunes, à la création d’emploi, de moyens de subsistance et préservation de la culture.
  • Introduire des campagnes et interventions pour des comportements de respect de l’égalité des genres et de sensibilisation au climat, pour permettre aux communautés locales de s’autonomiser et améliorer l’expérience d’utilisateur.
  • Soutenir l’établissement d’une configuration de gouvernance intégrée pour garantir une gestion efficace et la durabilité du projet. Cette configuration établie identifiera les rôles et les responsabilités des différents acteurs et actrices (notamment les entités locales sectorielles, les gouvernements locaux, les ONG, les institutions universitaires et les représentant·e·s de la communauté).
  • Coordination avec toutes les parties prenantes pour s’assurer de l’image et du marketing des sites nouvellement développés comme destinations de tourisme religieux nationales et internationales.

3.2. Développement du projet

Principales actions développées

La Fuite de la Sainte Famille est un projet national, lancé par le ministère du Développement local (entité de supervision), en coopération avec les différentes parties prenantes telles que le ministère du Tourisme et des Antiquités, le ministère de la Culture, l’Église copte orthodoxe et huit gouvernorats. Il a démarré avec différentes études de planification et faisabilité, en apprenant de cas d’études similaires, avec l’obtention de permis et l’organisation de réunions de haut niveau. Le projet a ensuite oeuvré à restaurer les sites et à en améliorer les infrastructures. L’un des principaux objectifs est de réhabiliter la communauté locale entourant l’étape du chemin et développer ses activités économiques, afin de répondre aux besoins patrimoniaux et touristiques du chemin et pour parvenir à une interdépendance, qui mènera à un développement urbain et culturel remarquable.

4. Impact

4.1. Impacts directs

Impact sur les collectivités locales

Le ministère a collaboré avec de nombreuses entités des 27 gouvernorats, y compris les communautés locales environnantes, afin d’améliorer la qualité des infrastructures des sites, mais aussi restaurer les sites et monastères anciens. Le projet s’est appuyé sur des expert·e·s locaux, des ONG et des institutions universitaires dans différents gouvernorats, pour veiller à l’appropriation locale et à la durabilité des interventions.

Impact sur la culture et les acteur·rice·s culturel·le·s locaux·les

Le projet a un impact direct sur le renouveau des sites religieux, historiques et culturels. L’un des objectifs du projet est de promouvoir les centres d’artisanat autour des zones ciblées et de créer un marché pour leurs produits, ce qui permettrait l’autonomisation économique de la communauté locale, tout en préservant les différents artisanats authentiques.

Le projet vise à préserver le patrimoine culturel des sites, en leur appliquant un développement durable du point de vue culturel, social et économique. 

Impact sur le territoire et la population

Le projet soutient les communautés locales en créant des emplois et en développant ceux qui existent déjà. Le projet améliore la qualité de vie des districts ciblés, par l’intermédiaire de la construction d’infrastructures, d’aires de repos, de parcs, de centres d’artisanat, de toilettes et d’installations autour des sites. L’accès aux services culturels et la participation active aux processus culturels sont essentiels pour permettre aux personnes marginalisées, paupérisées ou se trouvant dans des situations défavorisées de surmonter leurs difficultés et de participer activement à leur propre inclusion dans la société.

Résultats attendus du projet :

  1. amélioration des infrastructures et de l’environnement urbain des sites touristiques de la Sainte Famille ;
  2. développement économique local productif intégré et cohésion sociale améliorée dans les zones des sites ;
  3. amélioration de la sensibilisation et des capacités de l’administration et de la communauté locales des huit gouvernorats ;
  4. création de partenariats pour promouvoir les destinations touristiques de pèlerinage intégrées dans les destinations religieuses nationales et internationales.

4.2. Évaluation

L’évaluation a été un important processus qui a permis d’examiner le projet avec un oeil critique. Un groupe de travail formé par le ministère du Développement local et le ministère du Tourisme et des Antiquités, aux côtés d’autres ministères concernés, de l’Église et des parlementaires a donc été mis en place pour examiner et évaluer le projet. Le comité passe en revue le processus d’évaluation et de mise en oeuvre du projet, ainsi que ses résultats et ses impacts. Les réunions du groupe de travail incluaient toutes les parties prenantes liées au développement du projet.

La phase actuelle du projet jette les bases d’une gestion efficace et durable du programme à l’échelle nationale et locale. Les obstacles majeurs rencontrés lors de la mise en oeuvre du projet ont eu à voir avec la sensibilisation sociale à la préservation du patrimoine, aux énormes infrastructures requises dans les districts et aux contraintes budgétaires.

4.3. Facteurs clefs

L’un des éléments clés du projet a été la coordination et la coopération efficaces entre les différentes parties prenantes. Le projet est bâti sur une approche intégrale, participative et inclusive, qui garantit l’implication de la population locale et des autres parties prenantes dans la création du projet conçu pour les servir. Le projet a également tenu compte des sensibilités culturelles et a inclus les organes officiels de l’Église tout au long du processus.

L'un des objectifs du projet est de promouvoir les centres d'artisanat autour des zones ciblées et de créer un marché pour leurs produits, ce qui permettrait l'autonomisation économique de la communauté locale, tout en préservant les différents artisanats authentiques.

4.4. Continuité

Le projet a été inauguré début 2021, avec la fin de la mise en oeuvre de la phase des infrastructures, tous les sites sont désormais prêts à recevoir les touristes du monde entier. La prochaine phase sera de sensibiliser au projet et à la préservation culturelle des sites. Le ministère du Développement local, en coopération avec toutes les parties prenantes, lancera une campagne dans les médias et sur les réseaux sociaux, qui sera pilotée par une entreprise sous la supervision de ce même ministère, aux côtés du ministère du Tourisme et des Antiquités. Les projets éco-sociaux prévus et mis en place par les gouvernorats seront également jumelés au principal projet visant à l’autonomisation de la communauté locale.

L’une des principales parties prenantes est l’Église égyptienne et aucune mesure n’a été prise sans son consentement et, le cas échéant, son autorisation. Pour la prochaine phase, la participation des citoyen·ne·s, des organisations de la société civile et des ONG sera sollicitée.

5. Plus d’informations

Le Caire a été candidat à la quatrième édition du Prix international CGLU-Ville de Mexico-Culture21 (novembre 2019 - mai 2020). En juillet 2020, le jury a publié son rapport final et demandé à la Commission Culture de CGLU de promouvoir ce projet comme exemple de bonne pratique de la mise en oeuvre de l’Agenda 21 de la Culture.

Cette fiche a été rédigée par l’ambass. Dr Mohamed Higazy, conseiller au ministère du Développement local pour la coopération internationale, Gizeh, Égypte.

Contact : Mhigazy2@gmail.com
Site web : https://mld.gov.eg/?lang=en

Le Caire