Encouragement à la création artistique

Contexte

Santo André, municipalité de la région métropolitaine de São Paulo, compte 700 000 habitant·e·s, réparti·e·s sur 175 000 km2. Sa population diversifiée est composée en grande partie de classes moyennes et basses, avec environ 40 % de population active. Le groupe d’âge majoritaire est celui des 15-39 ans. Les indices de mortalité sont faibles (8 à 18/1000 habitant·e·s selon la micro-région) et le nombre de personnes âgées ne cesse de croître.

La ville est dotée d’infrastructures complètes ; elle propose des services de santé publique satisfaisants, elle dispose de systèmes d’assainissement qui couvrent presque 96 % du territoire urbain, d’une collecte intégrale des déchets et le niveau d’urbanisation des rues atteint 43 %.

Le domaine de la culture compte sur des services et des espaces culturels offerts par les autorités publiques, avec certains espaces d’initiative privée (comme le SESC) et des espaces de production culturelle indépendante (comme l’Alpharrabio et le Gambalaia).

Étant donnée l’envergure de la ville, les politiques de gouvernement s’avèrent insuffisantes pour rapprocher et promouvoir la culture auprès de la population, il faut donc constamment repenser les actions et leur portée et participation, avec, par exemple, l’usage d’appels à projets. On recense 20 espaces publics (théâtres, centres culturels...) à Santo André, ainsi que 12 bibliothèques. La ville peut également se vanter d’un site touristique : la Villa de Paranapiacaba, reconnue par l’Institut du Patrimoine Historique et Architectural National (IPHAN).

Nous repensons constamment les actions et leur portée et participation.

Santo André et la culture

Dans les années 90, Santo André était dotée d’un complexe culturel, le Plaço Municipal (composé du Théâtre municipal, du Salon des expositions, d’une bibliothèque et d’un auditorium), mais aussi du Théâtre Conchita de Moraes, et d’environ neuf espaces décentralisés, appelés les « CEAREs » (espaces polyvalents à vocation éducative, sportive et culturelle).
Auparavant, la culture se trouvait au sein du Secrétariat à la culture et aux sports, dans un contexte de création embryonnaire d’un Secrétariat à la culture, qui apparaît aux côtés de celui à l’Éducation. Dans le cadre de la politique culturelle d’élargissement de l’offre et de l'accès, des agents culturel·le·s ont été recruté·e·s (via concours public) et d’importantes oeuvres architecturales ont été utilisées comme espaces culturels.
C’est lors de ce processus qu’ont été implantés la Casa da Palavra et la Casa do Olhar, le Musée de Santo André (1990), l’École libre de théâtre (ELT) et l’École municipale d’initiation artistique (EMIA, en 1990), l’École libre de cinéma et vidéo (ELCV, en 2001) et l’École libre de danse (en 2004), ainsi qu’un projet d’action culturelle dans les quartiers, des projets qui n’existaient pas jusqu’alors.

Concrètement, les projets de formation artistique répondaient à une demande historique de la part des groupes de théâtre dans la ville (École de théâtre) et à un désir d’implanter des espaces de création poétique et d’encouragement à la capacité critique, et ce, depuis l’enfance (École d’initiation artistique).

Les projets se sont consolidés de façon individuelle, certains ont été plus coordonnés et d’autres plus connectés les uns aux autres. Cela s’explique notamment par l’alternance des gouvernements municipaux, ainsi que par leurs priorités respectives.

La thématique sur laquelle nous nous focalisons le plus actuellement est justement le renforcement de la coordination entre ces projets, afin qu’ils dialoguent entre eux, qu’ils aient une relation plus importante avec les territoires et qu’ils maintiennent leur contemporanéité. Nous recherchons la cohérence avec l'actualité et la pratique artistique, la participation sociale et le développement personnel, sans démanteler pour autant ce qui existe déjà, ce qui démontre un grand respect envers les investissements publics réalisés tout au long des décennies et les conquêtes de la population.

L'inquiétude envers des questions contemporaines se trouve toujours. Aujourd’hui, on le perçoit clairement chez les élèves des écoles, qui abordent constamment ces thématiques en classe, dans les réunions ou dans les espaces de coexistence, qu’il s'agisse des questions de genre, des questions raciales mais aussi des féminismes, du consumérisme, de l’environnement et de l'interculturalité, entre autres. Le programme fournit donc une ouverture sur ces sujets globaux, en facilitant l'insertion de mouvements sociaux et la transversalité avec les plans pédagogiques, pour la promotion de la discussion et de la réflexion. Les programmes scolaires sont flexibles et constamment réexaminés, afin d’accompagner les caractéristiques de chaque classe et refléter les transformations à l'oeuvre dans le monde contemporain.

Objectifs et mise en oeuvre du projet

Objectif principal et spécifiques

Ces projets faisant partie du parcours de formation des élèves, ils peuvent devenir permanents pour chacun. Le concept de formation est pour nous intimement lié au concept de donner forme à quelque chose de nouveau. Le nouveau se produit dans le domaine de l'intuition et devient concret lorsqu’il prend forme, grâce à l'incidence de l'acte créateur, la formation s’oriente vers l’encouragement de la création artistique. En ayant cela à l’esprit, l’objectif général est de promouvoir des processus de création, d’autonomie créative et de pratiques collaboratives pour la construction du savoir.

Chaque projet a ses propres spécificités ; le lieu, le profil des participant·e·s, le langage artistique propre et le contexte politico-social sont des éléments qui définissent de quelle façon chaque espace a exercé son plan politico-pédagogique.

L'un des principaux obstacles à l'éxecution du programme se trouve dans l'intégration d'actions qui se sont produites indépendamment les unes des autres au fil du  temps.

Les objectifs spécifiques sont notamment : user du concept pédagogique d’école libre ; travailler avec l'intégration des arts ; élargir le concept de culture à partir d’un regard contemporain individuel et collectif ; permettre l’entrée des nouvelles technologies et savoirs ; familiariser le·a participant·e aux différents langages artistiques/culturels ; reformuler les programmes et la structure pédagogiques régulièrement, en mettant l’accent sur le questionnement, la recherche et l’expérimentation ; promouvoir des processus collaboratifs en lien avec le plan pédagogique.

Développement du projet

Principales actions réalisées

Le programme, au travers de ses projets, établit plusieurs phases transversales, qui arrivent à différents publics de la ville :

• Sensibilisation aux thématiques artistiques et culturelles (Territoires de culture et École de danse)
• Initiation artistique (École d’initiation artistique, École de danse et Territoires de la culture)
• Stimulation de la création au travers de cours intensifs et approfondis, de langages spécifiques dans les Écoles de danse, théâtre et cinéma.

Les phases peuvent adopter des stratégies diverses pour atteindre leurs objectifs telles que des cours, ateliers, tables rondes, cercles de lecture, participation collaborative, réflexion sur la gestion dans la culture, etc.

L’un des principaux obstacles à l’exécution du programme se trouve dans l’intégration d'actions qui se sont produites indépendamment les unes des autres au fil des ans. De plus, l’un des défis réside dans la garantie de la continuité du mouvement, sans que les actions ne deviennent anachroniques.

Depuis 2017, la politique d’Encouragement à la création artistique est en processus de construction collective, et amène avec elle la mémoire d’un travail, l’historique et l’accumulation de projets. Actuellement, le public visé a pour effectif :

• École libre de théâtre : 250 élèves par an
• École libre de cinéma et vidéo : 266 élèves par an
• École libre de danse : 350 élèves par an
• École municipale d’initiation artistique : 220 élèves par an
• Territoires de la culture : 407 élèves par an

Impact

Les impacts sont différents d’un projet à l’autre. Dans le cas de l’École de théâtre par exemple, on voit clairement se former des collectifs culturels qui font ensuite des représentations dans la ville, ce qui, outre la répercussion positive et la crédibilité que cela confère au projet, a conquis le monde du théâtre à l’échelle nationale, attirant des personnes venant d’autres villes et d’autres États.

Dans toutes les écoles et le projet Territoires de la culture, l’impact est grand. Outre la formation de l'individu et la formation artistique citoyenne, on observe la formation du public. Par exemple, un·e élève ne devient pas seulement un·e simple artiste en activité, il·elle devient aussi un public qui fréquente et apprécie les autres espaces et les autres arts. On perçoit également une augmentation des agents et des collectifs culturels issu·e·s de projets de l’encouragement à la création artistique.

L'élève ne devient pas un.e simple artiste en activité, il.elle devient aussi un public qui fréquente et apprécie les autres espaces et arts.

Évaluation

Depuis début 2017, le Secrétariat à la culture a pris l'initiative inédite au sein de la commune de recueillir, organiser et transmettre les données quantitatives concernant la culture. Ainsi, tous les programmes, projets et équipes sont continuellement orientés pour le bon recueil et le traitement et la création d’indicateurs. Un service spécifique a été créé au sein du Secrétariat de la culture, qui appuie l’élaboration d’indicateurs pour l’évaluation continue par le gouvernement municipal.

Outre ces indicateurs quantitatifs, les projets sont dotés de comités qui effectuent des évaluations qualitatives.

Facteurs clefs

Les facteurs clés de succès et permanence du programme sont les suivants :

• Large participation des élèves aux discussions sur l’approche pédagogique.
• Discussion actuelle entre les membres de l’Université fédérale d’ABC (UFABC) et des autres domaines culturels autour de l'impact du programme, ce qui signifie qu’il s’agit d’un domaine important pour la société locale.
• Répercussion positive dans les médias, exploration de nouveaux postes ou produits culturels.
• Élargissement des projets avec des expositions ou festivals organisés par les écoles/projets.
• Reconnaissance de l’École libre de danse (ELD) par le Ministère de la Culture en 2006, au sein du Programme Cultura Viva, comme l’un des six meilleurs projets de gestion publique cette année-là.
• Grand nombre d'artistes se produisant dans la région et venant de ces projets, y compris avec participation active sur la scène culturelle de la ville, par le biais des appels d’offres publics du Secrétariat à la culture.
• Une bonne partie du Conseil municipal des politiques culturelles est formée par des ancien·ne·s élèves de l’École libre de théâtre, de l’ELD, de l’École municipale d’initiation artistique (EMIA) et de l’École libre de cinéma et vidéo (ECLV), qui participent activement.
• Un grand nombre de collectifs de la culture se sont formés au fil des ans.

Continuité

Bien que ces projets soient consolidés, la proposition de construction collective de la politique d’encouragement à la création artistique part d’une large discussion publique sur les projets, dans la tentative de les réadapter et les intégrer, en respectant l’historique et la trajectoire de chacun. On considère qu’ainsi, les projets élargiront le dialogue avec la population et les liens avec les territoires de la ville, en augmentant leur reconnaissance comme élément primordial pour le développement culturel.

Le budget du programme est le deuxième plus important du Secrétariat à la culture et une structure administrative spécifique lui est dédiée : le service d'encouragement à la création artistique (GICA) avec une équipe, des espaces culturels et une dotation budgétaire propre.

Le Secrétariat à la culture étudie actuellement l’éventuelle disponibilité d’un bâtiment qui pourrait accueillir toutes les Écoles libres existantes et un Pôle de formation à la production et à la gestion culturelles.

Informations relatives

Santo André a été candidate à la troisième édition du Prix international CGLU-Ville de Mexico-Culture21 (novembre 2017 - mai 2018). En juin 2016, le jury a publié son rapport final et demandé à la Commission Culture de CGLU de promouvoir ce projet comme exemple de bonne pratique de la mise en oeuvre de l'Agenda 21 de la Culture.

Cette fiche a été rédigée par : Vania Cristina Ribeiro, directrice du projet Encouragement à la création artistique, Secrétariat à la culture de la municipalité de Santo André, Brésil et Luciana Zorzato, directrice des projets culturels, Secrétariat à la culture de la municipalité de Santo André, Brésil.

Contact : vcribeiro@santoandre.sp.gov.br / lzorzato@santoandre.sp.gov.br

Site web de référence : http://culturaz.santoandre.sp.gov.br