Pôle culturel du centre historique de Busan « TOTATOGA »
1. Contexte
Busan est la seconde plus grande ville de Corée. Le centre historique situé dans l'arrondissement de Jung-gu a joué un rôle important en matière d'échange de cultures étrangères depuis l'ouverture de son port en 1407. En 1678, Choryang-waegwan, une zone résidentielle pour les japonais, s’établit en passerelle diplomatique et de commerce entre le Japon et la Corée. Ces ressources historiques sont utilisées dans le projet TOTATOGA.
L'arrondissement était l'une des zones les plus vivantes, avec les principaux sièges administratifs et commerciaux. C’était un centre pour les transports, les médias et les publications. Au cours de la guerre de Corée, Busan joua le rôle de capitale provisoire de la Corée et accueillit les réfugiés. Des citoyens de toute la Corée s’y réfugièrent pour échapper aux horreurs de la guerre. En conséquence, la diversité culturelle s’y est développée. Malgré tout, l'arrondissement a dû faire face à une diminution de sa population et à une augmentation du nombre d'immeubles et de bureaux vides après le transfert de la mairie à Yeonje-gu en 1999.
En 2009, Busan a planifié un projet de village créatif afin de promouvoir la régénération et la redynamisation urbaine à travers la culture et les arts. Busan a organisé une table ronde avec les artistes locaux et a décidé que l'ancien centre-ville – ou le projet TOTATOGA est actuellement installé – serait mieux approprié pour le projet. Après le transfert de la Mairie à Yeonje-gu, d’anciens immeubles et maisons se sont retrouvés abandonnés, provoquant un impact négatif sur les résident-e-s avec une augmentation des crimes et accidents, et de la pollution environnementale. Pour soulager la dégénération de la zone, la ville a essayé de relever ce défi au travers de la culture et des arts. Le projet, guidé par le gouvernement local, a été réalisé par la Fédération pour l'enseignement des arts et de la culture de Busan (BCAEF) afin de faciliter la coopération avec le secteur privé.
Le projet est né d’un programme destiné aux résidents, au sein duquel les résident-e-s ont appris à communiquer et à échanger les uns avec les autres par le biais de la peinture et d’autres moyens artistiques. Le patrimoine culturel du vieux centre-ville a ainsi commencé à se restaurer, et à retrouver sa gloire d’antan. Naturellement, le bienêtre et la fierté des habitants ont suivi.
L’objectif des politiques culturelles de Busan est de faire de « Busan une ville où la culture fait partie de la vie et où elle contribue à la prosperité de la ville ».
2. Busan et la culture
L'objectif est de faire de « Busan, une ville où la culture fait partie de la vie et où la culture contribue à la prospérité de la ville. » Pour cela, la ville se concentre sur les contenus culturels des vies des citoyen-ne-s considérant ces contenus comme une ressource essentielle pour la régénération urbaine et l'économie créative. La ville s'efforce également d'encourager le domaine culturel car le soutien du public joue un rôle central dans la motivation des habitant-e-s à participer activement. Enfin, des contenus culturels variés sont proposés pour attirer les touristes vers des lieux locaux et augmenter les revenus de l’industrie touristique.
Un des résultats de ces efforts est le Pôle culturel du centre historique TOTATOGA. Le projet, au sein duquel les habitant-e-s participent directement pour créer et bénéficier de contenus culturels, est conçu pour renforcer une capacité culturelle locale et combler le fossé culturel entre les régions. Soutenus par la ville, les artistes utilisent les édifices abandonnés comme ateliers pour produire des performances et proposer des expositions aux habitant-e-s. Cette situation crée un revenu pour les résidents de la région. Surtout, le succès du projet TOTATOGA doit être attribué à l'assistance publique en matière de culture et d'arts.
Les projets collectifs sont en général dirigés par le gouvernement. Cependant, le Gouvernement Métropolitain de Busan a choisi de prendre du recul en laissant la BCAEF se charger des détails et méthodologies opérationnelles du projet, via un parcours de coopération entre public et privé. Bien que toutes les dépenses de fonctionnement aient été soutenues par Busan, la ville n'a jamais interféré. Au lieu de présentations faisant état des résultats et des formalités pour les événements, les artistes peuvent planifier librement leurs propres événements selon leurs exigences.
Environ 100 sociétés d'impression et laboratoires artistiques avec l'« escalier à 40 marches » dans le centre-ville dans le cadre du projet. Après la guerre coréenne, les réfugiés vivaient au sommet de la colline qui est accessible via cet escalier, ce qui en a fait avec le temps un symbole de guerre et de paix. Aujourd’hui, le quartier qui l’environne est devenu le lieu de démonstration de la coopération entre artistes et citoyens, et est le lieu de nombre uses activités (expositions, festivals, performances de rues, marchés couverts, et programme éducatifs permettant de faciliter l’accès des citoyens à la culture et aux arts).
L'ancien centre-ville pourrait facilement former et conserver un écosystème artistique grâce à la facilité d'accès aux transports publics et à la qualité élevée des ressources culturelles. Grâce aux efforts et aux intérêts continus de la métropole urbaine de Busan, des artistes et des habitant-e-s, le projet devrait être mis en œuvre sous un œil nouveau.
TOTATOGA est devenu un cas exemplaire en termes de politiques culturelles et de renouvellement urbain. Les agents civils travaillant dans les départements liés à la culture, non seulement d’autres villes de Corée, mais aussi de pays étrangers, et notamment du Japon et d’Allemagne, visitent la ville pour étudier le projet.
Les artistes, soutenis par la ville, utilisent les édifices abandonnés comme des ateliers pour produire des performances et proposer des expositions aux habitant.e.s.
3. Objectifs et mise en œuvre du projet
3.1. Objectif global et spécifiques
L'objectif du projet est de fournir un contexte stable aux artistes émergents et d'établir un environnement culturel pour les habitant-e-s en utilisant des maisons abandonnées et des édifices inutilisés de l'ancien centre-ville.
Le projet TOTATOGA se base sur quatre objectifs spécifiques. Premièrement, il fournit un soutien financier aux artistes pour qu'ils se concentrent sur leur travail. Deuxièmement, il établit et développe un réseau culturel en liant les citoyen-e-s aux artistes locaux au travers de programmes dédiés aux arts et l'éducation. Troisièmement, il utilise des édifices abandonnés de l'ancien centre-ville comme lieu pour les activités artistiques. Enfin, il encourage les échanges culturels pour faciliter les activités créatives et artistiques au sein du réseau.
3.2. Principales étapes
Pour atteindre ces objectifs, la ville promeut des activités telles que l'installation de laboratoires de création pour les artistes locaux, la planification des contenus culturels quotidiens (festivals des arts et de la culture, performances et marchés de rue) tout en développant des programmes éducatifs pour les citoyen-ne-s. De nombreuses activités culturelles sont conçues pour les besoins des personnes culturellement désavantagées. Busan encourage aussi les activités de la communauté et de coopération entre les artistes et les habitant-e-s, et parmi les artistes.
TOTATOGA lie les artistes aux résident-e-s et fait revivre l'ancien centre-ville comme un lieu où offrir des programmes d'éducation à la culture et aux arts. Fort de 35 lieux dans 11 édifices à ses débuts, le projet s'est développé et compte maintenant 74 lieux dans 22 édifices. À ce jour, 350 artistes créent sans craindre les loyers trop chers. Busan s'efforce également d'évoluer vers la fusion et la convergence de la culture de l'ancien centre-ville et la culture actuelle des autres quartiers de Busan.
La ville s'efforce d'encourager le domaine culturel car le soutien du public joue un rôle central dans la motivation des habitant.e.s à participer activement.
La ville a invité les propriétaires – bien que cela soit assez inhabituel pour eux – à louer les édifices sans dépôt de garantie afin de redynamiser l'ancien centre-ville en créant des espaces pour la culture et les arts. Ceux-ci ont même baissé le montant des loyers de 15 à 20 %, ce qui s'est avéré être une stratégie gagnant-gagnant : émergence des artistes locaux qui peuvent désormais se concentrer sur leurs activités, propriétaires fonciers qui peuvent augmenter leurs profits et les habitant-e-s qui bénéficient de la culture et des arts au quotidien. Basé sur de nombreux réseaux, le projet s'ouvre au monde, notamment au Japon et à l'Allemagne. Désormais, les artistes locaux, les citoyens, mais également des gens du monde entier, peuvent participer à l’expérience TOTATOGA et profiter de la culture et des arts.
Les bénéficiaires du projet sont les artistes locaux et les habitant-e-s. La décision d’établir ces laboratoires sur nouvelle base de location a fait des propriétaires des édifices abandonnés un des bénéficiaires indirects. Les propriétaires ont joué un grand rôle dans la création des laboratoires en louant les édifices avec des loyers bas et sans garanties. Les habitant-e-s bénéficient aussi de la culture au quotidien et de l'opportunité de suivre des programmes pédagogiques culturels. Le vieux centre-ville a été revitalisé et les habitant-e-s sont revenus dans la zone. et l'économie locale revit.
4. Impacts
4.1. Impacts directs
Impacts sur le gouvernement local
Avant le projet, les politiques pour répondre aux problèmes urbains étaient surtout focalisées sur le projet de redéveloppement urbain sous forme de travaux de construction. Cependant, le projet utilise le concept de culture d'un point de vue du contenu intellectuel. Il est perçu comme un exemple qui fait face aux problèmes des vieux centres-villes qui se transforment en bidonvilles. Il devient un sujet d'évaluation pour les autres villes.
Impact sur la culture et les agents culturels locaux
La plupart des ateliers étant situés dans des lieux et édifices isolés, les habitant-e-s ne peuvent pas accéder facilement au contenu culturel. Le lieu est devenu un espace pour les artistes et les citoyen-ne-s de partage des valeurs culturelles.
De plus, les résultats des efforts entrepris démontrent que la culture et les arts peuvent être une réponse à de nombreux problèmes dans la ville. Les personnes liées au domaine des arts et de la culture pensent désormais qu'elles peuvent jouer un rôle dans le développement de la ville en participant aux politiques.
Impact sur le territoire et la population
Les artistes de littérature, peinture, artisanat, musique et performances vivent dans la zone et en ont modifié l'ambiance. La zone est devenue une des attractions touristiques de Busan les plus connues. Elle a également fait le pont entre les artistes et les habitant-e-s grâce aux activités culturelles. Maintenant, les résident-e-s sont fiers de la région, réalisent le rôle que jouent la culture et les arts dans l’enrichissement de leurs vies.
Le succès de TOTATOGA démontre que la culture et les arts peuvent être une réponse à de nombreux problèmes urbains.
4.2. Impacts transversaux
Le TOTATOGA, implanté dans un arrondissement créatif du point de vue culturel, attire l'attention des autres villes car il promeut le concept de « Petit budget, grande efficacité ». Avec seulement 250 000 euros de budget annuel, le projet cherche à stimuler la régénération urbaine en formant 80 laboratoires (300 artistes résidents) dans 32 édifices dans un rayon de 500 mètres depuis l'escalier à 40 marches. Contrairement aux autres villes qui ont acheté les édifices avec d'importantes sommes d'argent, Busan a adopté une manière unique de louer les édifices du vieux centre-ville à un faible coût et avec un impact plus fort. La ville fournit des espaces aux artistes locaux pour les aider à se concentrer sur leur travail. Les habitant-e-s reçoivent de ce projet un avantage culturel.
4.3. Évaluation
Le projet mérite d'être considéré comme une réussite. Avec un « petit budget et une grande efficacité », il suscite l'intérêt d'autres villes du pays et à l'étranger. En particulier, reconnu comme un nouveau modèle pour la régénération régionale grâce à la réinterprétation de l'histoire urbaine et à l'utilisation des ressources culturelles dans la région, le projet a reçu un grand prix pour l'image culturelle locale de la Corée du Ministère de la culture, des sports et du tourisme.
4.4. Continuité
Le projet TOTATOGA est réalisé avec les efforts communs de la métropole urbaine de Busan, de la Fondation pour la culture de Busan et de la Fédération pour l'enseignement des arts et de la culture de Busan. Suite à la première phase en 2010 d'un projet de trois ans, la seconde phase s'est achevée avec succès en 2015 et a fait place à la troisième phase, en cours. La ville met constamment à disposition un budget compris entre 257 000 euros et 290 000 euros. Busan a également promulgué un décret pour résoudre les problèmes (gentrification) causés par la hausse des loyers dans le vieux centre-ville et s'efforce de sécuriser le budget afin de constituer une installation présentant un fort attrait (en 2017, 1 326 millions d'euros) pour éviter cette hausse. Les trois acteurs susmentionnés prévoient d'utiliser stablement l'espace dédié aux arts avec le projet TOTATOGA qui est reconnu par les villes nationales et internationales.
5. Informations relatives
La Ville de Busan a été candidate à la deuxième édition du « Prix International CGLU – Ville de Mexico – Culture 21” (janvier-mai 2016). Le Jury du Prix a élaboré son rapport final en juin 2016 et a demandé à la Commission culture de CGLU de faire rayonner ce projet comme étant une pratique exemplaire de la mise en œuvre de l’Agenda 21 de la Culture, et comme mention spéciale de la deuxième édition du Prix.
Texte approuvé en décembre 2016.
Bonne pratique publiée en janvier 2017.
Cette fiche a été réalisée par Hong Seong-hoa, Ambassadeur pour les relations internationales, Métropole urbaine de Busan, République de Corée.
Contact: Shhong57 (at) korea.kr ou shhong57 (at) gmail.com
Site web de référence : http://english.busan.go.kr